Origine et histoire de l'Amphithéâtre
L'amphithéâtre romain de Purpan-Ancely, situé à l'ouest de Toulouse entre les quartiers de Purpan et d'Ancely, conserve les ruines d'un édifice construit au milieu du Ier siècle à proximité d'une petite agglomération rurale proche de la cité gallo-romaine de Tolosa. Classé monument historique depuis le 23 octobre 1974, il est placé sous la responsabilité du musée Saint-Raymond de Toulouse et figure parmi les rares édifices romains presque entiers de la ville. En l'absence de sources textuelles, la datation repose sur le mobilier archéologique, dont plusieurs objets situent la construction probable entre 40 et 50 sous le règne de l'empereur Claude. La cavea fut agrandie au IIIe siècle par l'élévation de murs rayonnants de sept mètres dans l'axe des vomitoires, ce qui porta la capacité de 7 000 à 12 000 spectateurs. Ces aménagements du IIIe siècle furent supprimés avant le deuxième quart du IVe siècle, peut‑être à la suite d'un effondrement ayant entraîné la disparition de la structure récente. L'amphithéâtre est abandonné au Ve siècle et, au XVIe siècle, le cadastre le mentionne comme « aire de la tuilerie contentieuse », signe d'un pillage des briques par les voisins ; il servit aussi de zone agricole. Propriété du prieuré de la Daurade depuis au moins le XIIIe siècle, il fut vendu après la Révolution française, puis acheté par la ville de Toulouse en 1962. Au XXe siècle, le site fit l'objet d'une décharge sauvage avant d'être nettoyé au début des années 1980 et rendu accessible au public depuis cette période. Les premières reconnaissances archéologiques datent de 1878, réalisées par Théodore de Sevin, qui établit le premier relevé précis après le dégagement du mur du podium et du carcer sud‑ouest. Des sondages ponctuels menés en 1961 par Michel Labrousse et Sylvain Stym‑Popper, puis en 1962 par Gérard Villeval, ont permis de mieux comprendre les fondations de l'édifice. Entre 1983 et 1987, une fouille programmée confiée à l'Université de Toulouse‑Le Mirail a mobilisé de nombreuses institutions et entreprises, et suscité un débat sur l'emploi d'engins mécaniques pour accélérer les travaux. Des interventions complémentaires en 1990 et 2002 ont étudié notamment le lien entre le vomitoire XIX et la salle E sous la cavea et ont accompagné un programme de restauration. L'architecture se caractérise par l'usage massif de la brique et par une structure pleine : l'arène a été creusée d'environ 2,5 mètres et la cavea s'appuie en partie sur les déblais rejetés sur son pourtour. Six ateliers de briquetage sont attestés par des estampilles, certains produisant des briques également utilisées pour le rempart de Tolosa et le théâtre. Le monument mesure 115 mètres de longueur ; l'arène, en forme d'amande, présente un axe nord‑sud de 62 mètres et un axe est‑ouest de 46 mètres. Sur l'axe nord‑sud s'ouvrent deux entrées monumentales larges de 4,20 mètres et couvertes de hautes voûtes ; l'entrée nord a été fouillée et correspond à une percée monumentale en pente. Plusieurs salles, susceptibles d'avoir servi de carceres, ouvrent sur l'arène aux extrémités de l'axe est‑ouest et de part et d'autre des entrées principales, certaines avec des accès secondaires. La cavea, large de 15 mètres, porte deux maeniana ; les gradins au‑dessus des grandes entrées nord et sud étaient peut‑être maçonnés, tandis que les autres pouvaient être en bois. Vingt‑deux vomitoires desservent la cavea ; ils mesurent 1,10 m de large pour 1,80 m de hauteur et sont alignés avec des murs de contrefort les renforçant. La façade présente une série d'exèdres alternant entre blindages et ouvertures donnant accès aux vomitoires, se rapprochant des façades des amphithéâtres d'Avenches et d'Ivrée. Des caissons délimités par des murs de brique sont remplis d'opus caementicium à l'aplomb des vomitoires, tandis que la cavea repose sur des remblais de terre et de galets. L'évacuation des eaux de pluie se fait par un réseau de drains aboutissant à un puisard creusé jusqu'à la nappe phréatique, trois mètres sous le niveau de circulation. Le mobilier découvert comprend des tessons de gobelets à paroi fine, des fragments de vases ornés, un manche de canif représentant un gladiateur et plusieurs monnaies, parmi lesquelles un as de Claude, un dupondius de Vespasien frappé en 74 et onze monnaies du IVe siècle dans la dernière couche d'occupation. L'as de Claude, conservé au musée Saint‑Raymond, porte à l'avers la tête de l'empereur avec la légende TI CLAVDIVS CAESAR AVG PM TR P IMP et au revers la Liberté tenant le pileus avec la légende LIBERTAS AVGVSTA S‑C. Le manche de canif, trouvé dans l'entrée d'un vomitoire et daté du Ier ou du premier quart du IIe siècle, est en os, mesure 5,3 cm et représente partiellement un gladiateur de type thrace équipé d'une épée courte, d'un bouclier long et d'une manica.